lundi 29 octobre 2007

Autres clichés

Une très belle photographie d'Alice par Julia Margaret Cameron, prise à l'île de Wight, extraite du livre Les femmes qui lisent sont dangereuses, Ed. Flammarion. J'enquête sur le séjour d'Alice en ce lieu.


Julia Margaret Cameron (1815-1879)

Alice Liddell, 1870, Île de Wight, Julia Margaret Cameron Trust, Freshwater Bay.

Portrait de Lewis Carroll par Gustav Rejlander :


 Clichés de Lewis Carroll :








issus de ce livre magnifique dont je dépose ici la couverture.




Cet ouvrage est le catalogue de l'exposition qui s'est tenue à San Francisco, au Museum of Modern Art.
samedi 7 avril 2007

Autour d'Alice tourne le monde

Elle s'appelle Louise.

Je crois qu'elle s'appelle Louise, même si les prénoms Alice ou Estrella lui conviendraient mieux.

J'ai acheté, hier, trois de ses œuvres. J'ai eu envie d'abriter dans mon univers un peu du sien et j'aime l'idée que mon petit geste lui permettra de continuer à créer.
Vous pouvez également acheter ses créations via sa boutique dont vous trouverez l'adresse sur son journal en ligne, qui s'intitule tout simplement, Art and Ghosts.
Cette artiste fait cliqueter en tout sens mon inconscient, sans que je puisse expliquer les tenants et les aboutissants de cette passion qui égorge souffrance et plaisir dans la vision que nous avons d'elle, à travers les trois ou quatre séries qu'elle nous offre, et qui ne laisse au final qu'une forme d'émerveillement crevé au cœur et à l'esprit. J'ai choisi de déposer un léger rai de lumière pailletée sur son travail autour du personnage d'Alice, puisque vous savez bien que cette page ne parle que de M. Lewis Carroll / Charles Dodgson et de son oeuvre.

Il est facile d'évoquer les contes de fées, un manteau d'ombre et de sang, une tendance cauchemardesque hoffmannienne ou gothique en regardant ces divers photomontages, qui sont presque des tableaux classiques parfois, mais je crois que son originalité n'a pas de nom. J'ai passé deux heures hier en sa compagnie, hypnotisée devant les diverses photographies de cette jeune femme, avant de comprendre que ce qui me fascinait tant n'était rien d'autre que mon état d'âme, le reflet de mes maux et de leur guérison qui s'égrenait, narcissique, d'image en image.

Non, je n'aurais pas la prétention de penser que je possède une once de son talent, mais ce que j'écris dans mes fictions comporte le genre d'images qui vivent dans ses créations. L'effroi est toujours feuilleté avec la sucrerie et le sang se mélange aux larmes et à la sève qui tombe goutte à goutte de l'arbre d'enfance. Il en va de même avec l'oeuvre de Carroll et c'est bien la raison pour laquelle elle se prête si bien à toutes les interprétations, y compris et surtout celles qui proviennent des catacombes de notre esprit.














































Je ne suis guère étonnée que, dans ses influences, elle reconnaisse une dette envers l'Alice (Cf. le billet de Florizelle) de Jan Svankmajer, aux The Quay Brothers (des jumeaux qui vivent ailleurs) ou encore qu'elle aime le film Innocence de Lucile Hadzihalilovic (découvert, pour ma part, grâce à Fauna).

Il existe un lien évident entre toutes ces œuvres qui s'ouvrent sur un abîme intérieur et dont l'ambiguïté nous oblige à nous regarder dans le miroir de notre inconscient.

Le cinéma tchèque n'est, hélas, pas assez connu en France. Il demeure, néanmoins possible de découvrir le chef-d'oeuvre dont je vous parle plus haut.
Il est nécessaire de voir ce film, non seulement pour sa poésie intrinsèque, mais aussi pour tous ceux qui aiment Alice, car il nous livre comme la version sous-jacente à l'oeuvre de Lewis Carroll ou son négatif.

Dans le même ordre d'idées, qui est celui du souterrain et du lumineux, de l'abyssal, voire du stomacal, il faut rendre hommage au film de Terry Gilliam, d'après le roman éponyme de Mitch Cullin.


« En soulevant les cailloux les uns après les autres j'ai fredonné la chanson. La femme-fantôme allait trouver mon signe universel de l'amitié et ça la ferait sans doute rire, ou au moins sourire. Elle se mettrait à siffler sa jolie mélodie, pleinement consciente que quelqu'un se souciait d'elle. Je prévoyais de revenir le lendemain, voir ce qu'elle aurait fait avec les cailloux cette fois. Mais ça ne s'est pas passé comme ça. »


Impossible de s'arrêter pour adresser une prière en prose à ce film après ma Fauna. Toutefois, j'éprouve le besoin de dire mon admiration pour ce film dérangeant, cauchemardesque et pur, qui évoque lui aussi Alice en filigrane et la mythologie du terrier comme métaphore de la tombe.

Alice, encore et toujours.
Et si Alice était finalement, ici et là, la figure de l'enfance abandonnée à elle-même, négligée et estropiée par des adultes inconsidérés ? Alice est peut-être une image de l'ange éternel, qui porte aussi le beau nom d'imagination, et qui demeure en chaque enfant en danger pour le sauver du monde, triste, vaniteux et faux des grandes personnes. Celles-ci ont tellement perdu leurs facultés d'imagination, n'en étant plus dignes, car elles connaissent soudain la peur — véritable raison de la chute originelle selon moi — qu'elles en recherchent les effets dans des paradis dits artificiels pour affronter ce qui est très naturel aux enfants, la mort. Oui, la mort ne choque pas les enfants autant que nous, jusqu'à un certain âge en tout cas, qui est celui dit « de raison » (sept ans environ) et pour certains d'eux, chanceux, le prodige dure encore plus longtemps... Il semble que ce soit le cas de Jeliza, contrairement à son double inversé, la sorcière de ce conte baroque qui empaille tout ce qui meurt par terreur de l'enfouissement et de la décomposition.
Ne pas oublier que la mort est la mère très attentionnée de l'imagination. En grandissant nous repoussons la première, sans savoir que ce rejet nous fait perdre notre seule défense ou échappatoire face à elle : le jeu, le Make-believe, Neverland, l'île au trésor, le terrier... L'imaginaire roi.
lundi 19 février 2007

Penelope Boothby.


Tableau de Joshua Reynolds (je suis en extase devant l'innocence de ses portraits) dont s'inspira Charles Dodgson pour l'une de ses photographies.



  Cette petite fille mourut à l'âge de six ans, en 1791. L'histoire dit qu'après ses funérailles ses parents ne s'adressèrent plus jamais la parole... Elle était la fille de Sir Brooke Boothby.



James Sant est un peintre aimé par Dodgson/Carroll et l'on devine pourquoi. Il y a dans ses portraits une simplicité directe qui s'adresse sans détours à la sensibilité de celui qui peut contempler sa peinture. Les photographies de Dodgson sont de cette eau.

Adelaide Proctor a écrit un poème très célèbre chez nos voisins anglo-saxons, The Lost Chord. Vous pouvez le lire ici.

Henry Holiday possède un style qui s'accorde particulièrement bien avec l'extravagance absurde de La Chasse au Snark.
dimanche 7 janvier 2007

Arthur Rackham et Alice

Je poursuis lentement une très petite collection virtuelle, sur cette page, d'illustrations des travaux de Lewis Carroll, et en particulier d'Alice. La prochaine fois, je déposerai quelques photocopies des sublimes dessins de Mervyn Peake. Mais j'aimerais aussi avancer un peu dans la publication d'articles un peu "sérieux" autour de Lewis Carroll. Pour l'heure, je gratifie le lecteur bienveillant des illustrations du merveilleux Rackham. Tout le monde les connaît, mais il est toujours doux de les revoir. Si vous cliquez sur les images, elles s'agrandiront.
Chronicle Books a édité une reproduction de ces illustrations avec le texte de Lewis Carroll. Le livre n'est pas toujours aisé à trouver en état neuf, mais je ne crois pas qu'il soit épuisé.

Alice in Wonderland, Illustrations d' Arthur Rackham, 1907, extraites d'une édition limitée de 1130 exemplaires. Non, hélas, je ne la possède pas. Les dessins de Rackham sont parues en 1907, soit un an après sa contribution au Peter Pan (celui du Petit oiseau blanc). Dans un cas comme dans l'autre, ce qui étonne le plus est peut-être cette impression de réalité dégagée par tous les personnages, même les plus fantastiques, qui ont un air humain, mais sans pour autant perdre leur identité floue et errante de personnages d'un autre monde. Probablement que le plaisir que nous éprouvons à admirer ses oeuvres, à baigner nos prunelles dans les ombres marquées de ses dessins provient d'une étrange impression de proximité,mais non pas de familiarité pour autant...
En cela, il m'est avis que le travail de Rackham est davantage en harmonie avec Barrie qu'avec Lewis Carroll, qui est certainement plus cérébral et abstrait que Jamie, et se trouve toujours trahi par l'image censée ouvrir une fenêtre dans son univers à la syntaxe déconstruite et sans cesse reconstituée d'un mot l'autre.
La vision de Tenniel est différente, cependant je crois qu'elle ne peut qu'échouer tout autant, malgré sa beauté et son utilité - réduire en tout état de cause le signifiant béant de l'oeuvre carrollienne.
Je cite ici Marc Thivolet, dans son article pour L'Encyclopaedia Universalis, car ses propos sont d'après moi très justes : « Les gravures réalisées pour le livre de Carroll révèlent en Tenniel un illustrateur et un caricaturiste. Ses illustrations pour Alice sont devenues pour la plupart des lecteurs indissociables de cette œuvre. On peut dire qu'elles constituent une sorte de garde-fou. Elles imposent à un texte sans précédent dans l'histoire de la littérature une convention issue de l'expérience de la caricature. Un conflit opposa l'illustrateur à l'auteur à propos de la représentation du personnage d'Alice. Le passage de la lecture du texte à sa transposition dans le domaine de l'image restreint singulièrement l'apport verbal de l'écrivain anglais et son pouvoir de contagion. En effet, les illustrations de Tenniel insistent sur la fonction "imageante" de l'écriture et nous montrent des personnages figurés dans un espace-temps semblable au nôtre alors que Carroll s'affranchit précisément de ces limitations. Dans la réduction qu'opère Tenniel, le nonsense du récit est conjuré par la fixité de formes qui recréent une pseudo-familiarité.»
Le style de Rackham, dans sa perfection et par le pouvoir d'enchantement qui lui est propre, est tellement imposant qu'il a tendance à plus ou moins vampiriser l'histoire qu'il sert, alors que Tenniel ne fait qu’apposer une vision transparente, qui ne trouble pas l'histoire, qui laisse le texte visible. Rackham est plus exigeant. Il suffirait de peu pour que l'image de Rackham vole ses droits à l'histoire. Mais non ! Il ouvre simplement une autre dimension, comme s'il existait en chaque chose un tiroir secret.

On remarquera la différence majeure qui existe entre l'Alice de Sir John Tenniel et celle de Rackham. Celle d'Arthur Rackham paraît plus réservée et mieux éduquée que celle de Tenniel, (Cf. ses illustrations ici, par exemple) qui a une allure plus vagabonde et polissonne. Celle-ci est davantage petite fille, quand la demoiselle pointe le bout de son nez dans les façons de l'autre.














Qui suis-je ?

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Holly Golightly
Dilettante. Pirate à seize heures, bien que n'ayant pas le pied marin. En devenir de qui j'ose être. Docteur en philosophie de la Sorbonne. Amie de James Matthew Barrie et de Cary Grant. Traducteur littéraire. Parfois dramaturge et biographe. Créature qui écrit sans cesse. Je suis ce que j'écris. Je ne serai jamais moins que ce que mes rêves osent dire.
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Où il est question de Lewis Carroll et de son double, Charles Lutwidge Dodgson...




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Voyages

« Quand je lisais des contes de fées, je m'imaginais que des aventures de ce genre n'arrivaient jamais, et, maintenant, voici que je suis en train d'en vivre une ! On devrait écrire un livre sur moi, on le devrait ! »